LETTRE À M. DE VOLTAIRE - écrit épistolaire

Publié le par Bertrand Tremblay

LETTRE À M. DE VOLTAIRE - écrit épistolaire

Nom : François-Marie Arouet, dit Voltaire

Profession : Écrivain et philosophe

Pays : France

XVIIème siècle : Siècle des lumières

Objet : M. de Voltaire, le JUGE ÉQUITABLE qui punit et qui récompense les membres de l’élite politique et religieuse française, est-ce LUI également qui prive des citoyens de leurs membres vitaux, tels les personnes handicapées? Sinon, vous ne les citez aucunement dans vos écrits sur l’injustice humaine.

M. de Voltaire,

Votre œuvre est colossale : dix milles lettres, si ce n’est pas plus, sans compter les nombreux poèmes, récits, contes et autres textes polémiques. Elle témoigne de votre vaste érudition. Je me vois bien petit à vos pieds.

Vous touchez des sujets divers qui vont de l’observation de la réalité sociale à la critique religieuse, politique, culturelle et à vos productions littéraires. Dans la correspondance avec vos lecteurs, vous vous dressez contre toutes formes d’injustice, notamment celles pratiquées par les représentants de l’église et de l’état et, malgré tout, vous affirmez votre croyance en DIEU. Vous LE définissez comme un Être Suprême, un Créateur, un Conservateur, un Juge équitable qui punit et qui récompense. Vous vous doutez probablement pourquoi je vous écris : je me questionne beaucoup sur elle ou sur son objet.

La société à laquelle j’appartiens, celle du XXIe, n’a guère évolué. Il existe toujours de l’injustice. Par exemple, des membres du clergé religieux agressent des personnes vulnérables et des politiciens détournent à des fins personnelles les fonds des contribuables, amassés difficilement par eux. À ce titre, doit-on croire juste, comme vous le dites, qu’un Juge équitable qui punit et qui récompense se manifeste contre de telles iniquités?

D’autres injustices, à proprement parler, ne dépendent pas de l’intervention humaine et, outre ses dommages, engendrent des difficultés. Il me surprend que vous n’en disiez mot dans votre correspondance. De plus, hormis les écrits des précurseurs des théoriciens économistes (Adam Smith et Karl Marx, entre autres) du X1Xème siècle sur la situation sociale et économique de votre époque qui, pour les gens misérables, était dramatique, rien n’a été rapporté par vous. Pourtant, cette injustice est vieille comme le monde et elle a sûrement existé à votre époque.

Dans mon pays, le Québec, on est un petit peuple de plus de 6 millions d’habitants. De ce nombre, on évalue à plus de 750 000 les personnes qui souffrent de déficience auditive. Par exemple, 12,5% de sa population connaît des difficultés de communication. Ce portrait peut fort bien être proportionnellement, c’est-à-dire équivalent en pourcentage par rapport à la population, représentatif de tous les peuples du monde, y compris le vôtre, le peuple français du XVIIème siècle. Cette déficience ne dépend pas de l’intervention humaine. Pourtant, elle peut entraîner des conséquences aussi déplorables que celles des personnes affectées par l’injustice humaine. N’est-ce pas injuste?

Il faut souligner les efforts de ces personnes pour surmonter ce handicap. Au XIXème siècle, des gens de la communauté sourde des États-unis et de la France se prirent en main. Ils organisèrent des manifestations dans des écoles et des universités afin de se faire reconnaître par la population bien pensante, comme vous. Par la suite, ils installèrent des écoles spécialisées dans ces deux pays.

Actuellement, au Québec, signe de cette ténacité, des écoles, concentrées dans les grands centres urbains, desservent cette clientèle. En outre, dans le réseau scolaire régulier, certaines écoles accueillent les personnes de cette communauté et fournissent les outils et les services appropriés.

Il est vrai que des progrès ont été réalisés partout dans le monde en termes de reconnaissance, de formation et de services adaptés à la communauté sourde. Cependant, il existe beaucoup de lacunes pour assurer son bien-être. Les écoles spécialisées, en place, ne dispensent pas l’enseignement à tous les degrés de scolarité. De plus, elles ne répondent pas aux aspirations de tous ses membres. Enfin, les outils et services fournis dans les écoles du secteur régulier sont, ou inégaux, ou déficients, ou inexistants. De tout temps, les résistances, quant au support éducatif de ses membres, ont été tenaces parmi la gent bien pensante. Elles perdurent dans mon siècle, c’est peu dire.

Ces avancées prouvent que les gains réalisés par cette communauté restent limités. Je suis tenté de me mettre à votre hauteur et d’affirmer avec une pointe d’ironie : Il faut bien comprendre les gens. À leurs yeux, les personnes sourdes ne répondent pas à la norme. Comme de raison, c’est normal qu’ils les regardent avec mépris. Il ne faut pas trop leur en demander. Même après deux siècles de lutte, les obstacles tant éducatifs que sociaux et économiques restent nombreux pour que cette communauté prétende à l’égalité avec le reste de la population québécoise.

M. de Voltaire, vous avez dirigé vos sarcasmes vers les mauvaises actions des prétendus hommes de bien contre leurs semblables. Pourquoi ne les avez-vous pas porté vers l’indifférence ou l’inaction des hommes en général face à la communauté sourde? J’admets que vous pouviez croire possible la réparation du mal fait à vos concitoyens par l’intervention de votre Juge. Croyiez-vous que l’incapacité physique, ce mal qui n’est pas dû à l’iniquité de l’homme, était réparable à votre époque? De Plus, croyiez-vous que le mal résultant de cette carence était également réparable? Étiez-vous à ce point aveuglé par votre gloire?

Au stade de réflexion où nous en sommes présentement, à savoir le mal découlant de la carence hors du contrôle de l’homme, celle qui n’a pas été considérée dans votre croyance en un Être Suprême, il importe d’examiner cette question. Je me propose de le faire plus loin. Préalablement, décrivons-le. À ce sujet, M. de Voltaire, je fais appel à votre patience.

Nos sociétés, celle de votre temps ainsi que la mienne, possèdent communément leur langage propre. Comment est-il né? Il a d’abord consisté en codes. À l’origine, deux personnes ou plus ont convenu de se donner des codes pour communiquer entre elles. Imaginez deux personnes qui crient ou se transmettent des signes. C’était leur façon à elles de communiquer un message d’alerte ou d’accueil afin d’obtenir une réponse.

Avec le temps, ces codes se sont mués en caractères, en mots, en phrases et ainsi de suite, le tout régi par des règles. Donc, notre langage s’est constitué d’un ensemble de codes et de règles convenus par nos sociétés respectives. Il y a près de quatre siècles, vous nous avez transmis vos œuvres à l’aide du langage qui nous est propre. Sans doute, vous saviez tout cela.

Le langage est à la base de la communication écrite et orale entre les personnes. Dans nos sociétés respectives, celui de la majorité constitue le langage conventionnel, notamment le français avec ses codes et ses règles. Dans la communication orale, il existe une personne qui émet le discours et une autre qui le reçoit. Or, qu’arrive-t-il si une des deux personnes n’entend pas bien en raison d’une carence physique? Le message, n’étant pas totalement entendu, n’est pas clairement reçu et est, ou inintelligible, ou difficilement intelligible, pour elle. La communication devient problématique. Doit-on conclure encore que cette personne n’est pas aussi intelligente que les autres personnes prétendument bien pensantes? Qui, comme vous, M. de Voltaire, demeure silencieux, peut bien le penser.

Nous ne référons pas aux personnes qui entendent très bien parce qu’elles sont distraites. Pour elles, il est facile de corriger la difficulté. Elles n’ont qu’à être attentives à l’émission de la parole. Plutôt, nous parlons de personnes qui souffrent d’un handicap auditif. Une plus grande attention ne leur permet pas de surmonter la difficulté. Les avancées mentionnées plus haut ne la corrigent pas non plus , même si, idéalement, elles peuvent être jugées satisfaisantes.

La personne sourde éprouve et éprouvera toujours des problèmes à communiquer. Elle ne possède pas tous les moyens de la fonction auditive. Elle est privée des neurones qui permettent au son produit par l’expression de la parole de cheminer sans embâcles à travers le circuit auditif et d’être capté par le cerveau en vue d’une réponse.

Aux personnes affectées de ce handicap, on donne différents noms : personnes sourdes, personnes malentendantes, personnes déficientes auditives ou personnes vivant avec une surdité. Certaines d’elles sont nées sourdes; d’autres le sont devenues suite à un accident; d’autres encore, suite à l’usage abusif du sens auditif. Ces dernières doivent leurs difficultés, entre autres, à une exposition irraisonnée à des bruits intenses et nocifs. Pour ce qui est des deux premières catégories de handicap, il s’agit d’une souffrance qui n’a pas pu être évitée. Comment un bébé, à la naissance, peut-il éviter de sortir sourd, s’il lui manque des neurones auditifs? Comment un mineur dans une mine ou un travailleur dans le bruit peut-il éviter de devenir sourd, si ce handicap est accidentel?

Une déficience auditive, à mon point de vue, est équivalente à une punition que vous prétextiez dirigée vers les hommes coupables de mauvaises actions. D’où vient cette limitation? Si elle est hors du contrôle de ces hommes, doit-on présumer qu’elle est la marque du Juge équitable qui punit et qui récompense? Est-ce une qualité de Dieu? Considérant votre respect pour vos formateurs, je m’attends que vous me répondrez dans l’affirmative. Si c’est le cas, M. de Voltaire, croyez-vous que ce Dieu avait raison de punir un être inoffensif ou bien intentionné? Examinons maintenant ce qu’elle entraîne. Soit dit en passant, je vous remercie de votre patience que, je m’en doute, j’ai mis à une rude épreuve.

D’abord, l’une d’elles est conséquente à la volonté de votre Créateur, à savoir que chaque être vivant, parfait ou imparfait, est responsable de vivre sa vie. C’est le cas pour les trois catégories de personnes sourdes. Pour les besoins de notre exposé, nous traiterons de ceux qui naissent sourds. En naissant, ceux-ci sont accueillis par le monde des personnes entendantes avec son langage et sa parole. On l’appelle le monde des entendants. C’est un monde bien accueillant à la naissance. Cependant, l’intégration s’avérera très difficile lors de sa croissance. En raison de son handicap, la personne qui entend mal ne réussira pas ou réussira mal à se faire une place équitable, laquelle s’ajoutera aux difficultés de communication qui en sont la cause principale.

Deux voies sont choisies par les personnes de cette communauté : celle de s’intégrer dans la culture Sourde par opposition à la culture des entendants ou celle de la médicalisation. Quelle que soit la voie choisie, l’étiquette de sourd leur est immanquablement apposée. Également, les difficultés de parcours, même si elles prennent des sens différents, existent pour elles. Pour les besoins de notre exposé, nous nous en tiendrons à celles qui ont choisi la médicalisation.

La médicalisation constitue, pour la personne vivant avec une surdité, la norme quant à l’intégration au monde des entendants. En outre, les personnes sourdes, en grand nombre, la choisissent. Par médicalisation, nous entendons la recours aux services en place, tels les services hospitaliers, éducatifs et communautaires. À ces endroits, on détermine les moyens supplétifs, tels le port d’une prothèse auditive ou l’installation d’un implant cochléaire, pour compenser la déficience. S’ensuivent les recommandations en matière d’éducation et d’aide familiale et communautaire.

Cette voie, pour les personnes qui l’ont choisie, est la plus attirante et sécurisante. D’abord, ces personnes voient la possibilité de corriger le handicap. Ensuite, elles s’attendent de participer à une richesse collective plus vaste que celle procurée par le monde des Sourds, notamment aux plans politiques, économiques, matériels et culturels.

L’autre conséquence consiste dans les limites de la médicalisation, laquelle ne permet pas de pallier à des difficultés de communication insolubles sans l’aide appropriée. À ce sujet, il suffit d’obtenir l’avis des personnes en cause pour s’en convaincre. Quant à la possibilité de participer à la richesse collective, elle n’est pas assurée pour autant. À l’encontre des prétentions des personnes qui ont choisi la médicalisation, il y a lieu d’observer que plusieurs de celles qui ont choisie l’autre voie, la culture Sourde, ont montré un potentiel de richesse culturelle impressionnant qui n’a rien à envier à celui du monde des entendants. Donc, M. de Voltaire, quel que soit le correctif utilisé, la situation du handicapé auditif n’est pas amélioré en communication, contrairement à ce qui est potentiellement possible pour vos semblables face aux élus de votre époque, grâce à l’intervention de votre Juge.

Ces difficultés suivent les personnes handicapées tout au long de leur existence, soit dans le processus scolaire, soit dans le cheminement professionnel. Ceci est vérifiable statistiquement, cet outil de dénombrement et de dépistage que vous ne connaissiez pas à votre époque. Sa déficience auditive nuit à la personne, qui fréquente les établissements scolaires. L’enseignement, à ces endroits, se fait oralement et consiste en études, leçons, explications, consignes, etc. Par exemple, dans l’apprentissage du français bien écrit, une pratique privilégiée consiste à rédiger les dictées du professeur. Pour la personne sourde, il est impossible de l’entendre au complet. Évidemment, l’apprentissage de l’écriture en bout de ligne est déficient pour elle, à moins de consacrer individuellement une partie du temps d’étude à lui, ce qui nuit à l’étude ou à la révision d’autres disciplines. Comme résultat, le rythme d’apprentissage de la personne sourde est retardé et peut entraîner des échecs. Peut s’ensuivre le découragement en matière de poursuite des études postsecondaires. Statistiquement, il est prouvé que les personnes ayant des difficultés auditives n’atteignent pas, dans un degré significatif, des niveaux de scolarité postsecondaires ou universitaires en proportion équivalente de celle de la population en général.

Ces difficultés sont dues, écrit-on, à l’absence d’un matériel adéquat à la surdité et à l’absence de formation du personnel enseignant. On peut penser qu’elles peuvent être surmontées par des améliorations. Effectivement, c’est le cas dans les classes spécialisées. Mais, pouvons-nous espérer qu’il soit possible de les apporter dans les classes régulières où la majorité des participants ne souffrent pas de surdité ? Les personnes handicapées auditives comptent pour une infime partie de l’ensemble des élèves. Insérer de telles améliorations leur serait encombrant.

Comme autre conséquence, regardons la situation des personnes handicapées auditives relativement à l’emploi. Il y a lieu de l’aborder sous deux ou trois angles : celui du nombre de personnes qui travaillent, celui l’occupation par rapport à la formation reçue ou à ses rêves et possiblement celui des revenus. À ce sujet, nous nous aiderons de quelques statistiques.

Si on compare la situation d’emploi des personnes handicapées auditives avec celle des Québécois en général, on note un écart significatif. Chez les personnes en général, le taux est de près de 75 %; quant aux personnes handicapées auditives, leur proportion monte à 48 %. De plus, parmi elles, 60 % occupent un emploi permanent. Des raisons ne sont pas fournies relativement à cet écart. On ne peut pas sûrement pas l’imputer à la négligence de la part des handicapés, considérant que les autres personnes, en majorité, ne demeurent pas inactives, c’est-à-dire qu’elles sont aux études.

Les problèmes ne s’arrêtent pas là. Ils surgissent au seuil d’accès sur le marché du travail. Une personne peut fort bien être préparée pour occuper un emploi disponible. Or, il s’avère qu’après avoir réussi à traverser toutes les étapes de recrutement, l’accès à cet emploi lui soit refusé pour des simples questions de concurrence. Ces personnes, au lieu d’occuper un emploi selon les études poursuivies, doivent, pour survivre, occuper des emplois qui ne correspondent pas à leur qualification.

Incidemment, l’absence d’équivalence entre cette qualification et l’emploi signifie souvent que ces personnes ne réussissent pas à réaliser leurs rêves les plus chers. Cette réalité génère une grave désillusion et une frustration. On peut se demander si, en fin de compte, le droit à l’égalité leur est refusé. Effectivement, cette situation est imputable à la communication, celle du monde des entendants.

Tout ne s’arrête pas là. L’inégalité vécue par les personnes sourdes s’observe au niveau des revenus. Chez la population en général, le revenu de travail moyen varie entre 21 000 $ et 35 000 $. Chez les personnes handicapées auditives, il se situe entre 12 000 $ et 25 000 $. Ces données parlent d’elles-mêmes et résultent de cette incapacité qu’elle n’a pas voulue ou qui a été causée par une force invisible. Curieusement, ce monde qui lui a été imposé par la voie de la médicalisation se ferme les yeux devant la souffrance cumulative de ces personnes.

M. de Voltaire, vous affirmiez dans vos lettres que l’ignominie des hommes ne justifiait pas l’athéisme ou l’absence de croyance en ce Dieu aux attributs mentionnés plus haut. Évidemment, c’était sans tenir compte des personnes handicapées. Saviez-vous au moins qu’elles existaient quand vous en êtes arrivé à cette déclaration?

Récapitulons. Je me suis attaché à montrer que votre Foi n’a pas été dérangée devant l’iniquité de l’élite politique et religieuse dominante envers vos semblables. Comme de raison, le Juge Équitable qui punit et qui récompense saura bien les « remettre à leur place », sembliez-vous dire. À l’encontre de ces derniers, je vous ai entretenu de ces gens qui souffrent d’une carence auditive. Il n’est pas exagéré de conclure qu’ils ont été minés par elle dans leur existence, entre autres, scolaire et professionnelle, et qu’ils ont été lésés dans l’attribution d’une place équitable à l’intérieur de la Société qui les a accueillie. Il n’est pas excessif de conclure que le mal qui les a affectés à leur naissance « s’est transporté » dans leur croissance et s’est répercuté dans tous les domaines existant de cette Société. Bref, le mal attrapé inoffensivement s’est multiplié sans arrêt et ne s’est pas corrigé.

Maintenant que je vous ai mis au courant de leur existence, qu’en pensez-vous? N’allez pas me dire, M. de Voltaire, que la situation des personnes handicapées auditives est le fruit des mythes et des préjugés des hommes, qu’il appartient à eux seuls de se corriger et que, par conséquent, Dieu en tant que Juge équitable y contribuera. Tout dans ce qui a été écrit démontre qu’une situation idéale est impossible à ces gens dans la Société dans laquelle vous avez vécu et dans la mienne.

Sûrement, vous avez remarqué que ces personnes existaient. Nous devons à votre éducation seule de ne pas en avoir fait l’objet de vos réflexions et de vos écrits satiriques. Il y a plus de trois siècles, vous avez produit votre œuvre. Si, à votre époque, vous aviez accordé toute l’attention voulue à elle, il est possible que son monde serait meilleur. Au moins, votre notion de Dieu serait quelque peu différente.

Avec tout le respect qui vous est dû, je vous prie, M. de Voltaire, d’agréer mes salutations distinguées.

Bertrand Tremblay

Un lecteur du XXIème siècle

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